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Il existe en arabe trois particules qui peuvent se traduire en français par "si" : 'in - إِنْ - law - لَوْ - 'idâ - إِذا
Les pronoms relatifs man - مَنْ (celui qui) et mâ - ما  (ce qui) peuvent aussi former des phrases conditionnelles.

'in - إِنْ
S'emploie pour exprimer un potentiel, c'est-à-dire une condition qui peut se réaliser ou ne pas se réaliser.
Après 'in - إِنْ , on met généralement les verbes de la principale et de la subordonnée à l'accompli ou à l'apocopé.
L'emploi de l'accompli ne donne pas à la phrase un sens passé.
إِنْ كَتَبْتَ رِسالةً قَرَأْتُها = si tu écris une lettre, je la lirai
إِنْ تَكْتُبْ رِسالةً أَقْرَأْها

Si la subordonnée de condition est négative, on emploie lam - لَمْ et l'apocopé (on ne peut pas employer mâ - ما et l'accompli).
إِنْ لَمْ تَكْتُبْ رِسالةً أَكْتُبْ إِحْدى أَنا / كَتَبْتُ إِحْدى أَنا = si tu n'écris pas de lettre, moi j'en écrirai une.

La subordonnée de condition introduite par in - إِنْ peut être une proposition nominale négative :
إِنْ لَمْ أَكُنْ هُنا قَبْلَ الْخامِسةِ فَلا تَنْتَظِرْنِي si je ne suis pas ici avant 5 h, ne m'attends pas > إِلّا فَلا تَنْتَظِرْنِي  = sinon, ne m'attends pas.

Les pronoms relatifs man - مَنْ (celui qui) et mâ - ما  (ce qui) sont très souvent employés avec une nuance de conditionnel, et reçoivent le même traitement que 'in - إِنْ :
مَنْ كَتَبَ رِسالةً قَرَأَها = celui qui aura écrit une lettre la lira = si quelqu'un écrit une lettre, il la lira.
ما تَكْتُبْهُ تَقْرَأْهُ = ce que tu auras écrit, tu le liras = si tu écris quelque chose, tu le liras.

law - لَوْ
Après law - لَوْ, les verbes de la subordonnée et de la principale se mettent généralement à l'accompli.
Le verbe de la principale est précédé de la - لَـ qui est une particule de renforcement et s'emploie devant un verbe, comme 'inna - إِنَّ devant un nom ou un pronom.
La particule la - لَـ peut se traduire par "certes", mais généralement il vaut mieux ne pas la traduire.
L'emploi de cette particule est facultatif si le verbe est précédé d'une négation.
law - لَوْ exprime
l'irréel du passé, c'est-à-dire une condition qui ne s'est pas réalisée dans le passé.
لَوْ كَتَبْتَ رِسالةً لَقَرَأْتُها = si tu avais écrit une lettre (certes) je l'aurais lue.
l'irréel du présent, c'est-à-dire une condition qui n'est pas réalisée dans le présent.
لَوْ كَتَبْتُ رِسالةً ما قَرَأْتَها = si j'écrivais une lettre, tu ne la lirais pas.
une hypothèse irréalisable ou absurde
لَوْ كانَ لَكَ جِناحانْ لَاسْتَطَعْتَ أَن تَطِيرَ = si tu avais des ailes, tu pourrais voler.
La subordonnée de condition introduite par law - لَو peut être une proposition nominale négative :
لَوْلا مُشْكِلُ الْقَلَمِ لَاسْتَطِعْتَ أَن تَكْتُبَ رِسالةً = s'il n'y avait pas le problème du crayon, tu pourrais écrire une lettre.
La subordonnée de condition introduite par law - لَو peut être une proposition nominale affirmative :
لَوْ أَنَّ لِي سِنَّكَ لَذَهَبْتُ إِلى الصَحْراءِ = si j'avais ton âge, j'irais au Sahara.

'idâ - إِذا
Cette particule est plutôt un circonstanciel comportant une nuance de condition qu'une véritable particule de condition.
On peut la traduire aussi bien par "quand" ou "lorsque" que par "si".
Elle s'emploie lorsqu'il y a un rapport constant et régulier entre le ou les verbes de la subordonnée et celui ou ceux de la principale.
Lorsqu'on la traduit par "si", cette particule a un sens temporel, et doit être suivie en français de verbes à l'indicatif, aussi bien dans la principale que dans la subordonnée.
En arabe, les verbes de la subordonnée et de la principale sont généralement à l"accompli.
إِذا كَتَبْتَ رِسالةً قَرَأْتُها = si (quand) tu écris une lettre, je la lis.

Si le verbe de la subordonnées est négatif, on emploie lam - لَمْ et l'apocopé.
إِذا لَمْ تَكْتُبْ رِسالةً كَتَبْتُ إِحْدى أَنا. = si (quand) tu n'écris pas de lettre, j'en écris une.

La particule 'idâ - إِذا est parfois employée dans un sens nettement circonstanciel, lorsqu'il s'agit du futur.
إِذا كَتَبْتَ رِسالةً فَابْعَثْها لِي = quand tu écriras une lettre envoie-la moi.

Lorsque dans une proposition conditionnelle le verbe kâna - كانَ est employé comme auxiliaire d'un autre verbe, à l'inaccompli indicatif, il sert à indiquer que l'action envisagée dure un certain temps. On peut le traduire par "il se trouve que ..;", ou par "être en train de ...", mais il vaut mieux ne pas le traduire :
إِذا كانَ الْمَطَرُ يَنْزِلُ بَقَيْتُ في الدّارِ = s'il se trouve qu'il pleut / s'il est en train de pleuvoir / s'il pleut, je reste à la maison.

Si la subordonnée est introduite par 'in - إِنْ ou 'idâ - إِذا, la principale est précédée de fa - فَـ si 
- c'est une proposition nominale (affirmative ou négative) :
إِنْ كَتَبْتَ رِسالةً فَأَنا سَعِيدٌ = si tu écris une lettre, (alors) je serai heureux.
إِذا كَتَبْتَ رِسالةً فَلا مُشْكِلَ فِيهِ = si tu écris une lettre, (alors) il n'y a pas de problème.
- elle est à l'impératif (affirmatif ou négatif) :
إِنْ كَتَبْتَ رِسالةً فَاسْتَخْدِمْ قَلَمَكَ = si tu écris une lettre, utilise ton crayon.
- elle commence par une préposition ou une particule quelconque (particule du futur, particule du cas direct, particule interrogative, etc.)
إِذا كَتَبْتَ رِسالةً فَمَنْ قَرَأَها؟ = si (quand) tu écris une lettre, qui la lit ?

Il arrive souvent en arabe qu'un verbe soit employé à l'impératif avec une nuance de condition, bien qu'il ne soit pas précédé d'une particule de condition. La proposition qui le suit est alors considérée comme une principale (ou "réponse à la condition"), et son verbe se met à l'apocopé.
اُكْتُبْ رِسالةً أَقْرَأُها = écris une lettre et je la lirai.
Cette phrase est considérée en arabe comme équivalent à :
إِنْ تَكْتُبْ رِسالةً أَقْرَأْها = si tu écris une lettre, je la lirai.

Les particules 'in - إِنْ et law - لَوْ peuvent prendre le sens de "bien que" ou "même si" lorsqu'elles sont précédées de wa - وَ
سَأَكْتُبُ رِسالةً وَإِنْ لَيْسَ مَعِي قَلَمٌ = j'écrirai une lettre même si je n'ai pas de crayon.

Il est admis que le ou les verbes de la principale peuvent se mettre à l'inaccompli indicatif.
إِذا كَتَبْتَ رِسالةً أَقْرَأُها = si (quand) tu écris une lettre, je la lis.
إِنَ اسْتَطَعْتُ آكُلُ مِنْهُ = si je peux, j'en mangerai.
لَوْ كُنْتُ أَسْتَطِيعُ آكُلُ مِنْهُ  = si je pouvais, j'en mangerais.
Le verbe à l'inaccompli n'est pas précédé de la  لَـ
L'emploi de l'inaccompli indicatif dans la principale s'impose dans une phrase interrogative où la subordonnée suite la principale :
ما نَفْعَلُ إِنْ لَمْ يُعْجِبْنا؟ =  que ferons-nous s'il ne nous plaît pas ?
إلى أَيْنَ يَذْهَبُ لَوْ كانَ صَغِيراً؟  = où irait-il s'il était jeune ?

كُلوا ما شِئْتُمْ  = mangez ce que vous voulez
Le verbe شاء est à l'inaccompli parce que le pronom relatif est employé ici avec une nuance de condition. L'ensemble de la phrase équivaut à :
ما شِئْتُمْ فَكُلُوهُ = ce que vous voulez (si vous voulez quelque chose), mangez-le.

Les pronoms relatifs man - مَنْ (celui qui) et mâ - ما  (ce qui) sont très souvent employés avec une nuance de conditionnel, et reçoivent le même traitement que 'in - إِنْ :
مَنْ كَتَبَ رِسالةً قَرَأَها = celui qui aura écrit une lettre la lira = si quelqu'un écrit une lettre, il la lira.
ما تَكْتُبْهُ تَقْرَأْهُ = ce que tu auras écrit, tu le liras = si tu écris quelque chose, tu le liras.
Cet emploi est aussi celui de mahmâ - مَهْما = quoi que, et d'un certain nombre d'interrogatifs et de circonstanciels (de lieu, de temps, de manière, etc.) suivis ou non de mâ - ما :
مَهْما أَقُلْ لَها تَفْهَمْهُ = مَهْما قُلْتُ لَها فَهِمَتْهُ = quoi que je lui dise, elle le comprend. (si je lui dis quoi que ce soit, il le comprendra.)
يَسْتَطِيعُ أَنْ يَذْهَبَ حَيْثُما / حَيْثُ شاءَ / يَشأْ = il peut aller là où il veut. (s'il veut aller quelque part, il peut y aller.)
يَخْرُجُ مِنَ الدّارِ مَتى يَشَأْ / شاءَ = il sort de la maison quand il veut. (s'il veut sortir de la maison à quelque moment que ce soit, il le fera.)
يَلْعَبُ كَيْفَما / كَيْفَ يِشَأْ / شاءَ = il joue comme il veut. (s'il veut jouer de quelque manière que ce soit, il le fera.)

kullamâ - كُلَّما = chaque fois que
Cette locution a le même emploi que la particule 'idâ - إِذا. Mais elle prend aussi, parfois, le sens de "plus ... plus ..." :
كُلَّما كَتَبَ كانَ سَعِيداً = chaque fois qu'il écrit il est heureux = plus il écrit, plus il est heureux

Le mot أَيُّ s'emploie souvent dans des phrases conditionnelles avec le sens de "quelque", "quiconque".
أَيُّكُمْ أَرادَهُ فَلْيَأَكُلْهُ = quiconque parmi vous la veut, qu'il la mange (= si quelqu'un d'entre vous la veut, qu'il la mange)