Arabegrammaire > écriture > signes accessoires - حَرَكات

Les signes suivants permettent de préciser la prononciation des voyelles courtes, l'absence de voyelle, le redoublement d'une consonne, ...
Ils ne sont généralement pas utilisés dans l'écriture courante. On les trouve dans les livres d'apprentissage de l'arabe, et dans le Coran.
Sinon, on les devine par la connaissance de la langue et par le contexte.

Sommaire : voyelles brèves - sukūn - šadda - tanwīn - waṣla (liaison) - hamza - madda -
 
voyelles brèves
Il n'existe que trois voyelles en arabe. Elles sont :
- soit longues, elles sont alors toujours transcrites par les lettres و - ي - ا ,
- soit brèves, elles sont alors accessoirement transcrites par les signes suivants :
voyelles
positions noms remarques Exemples
u son ُ
كُـ ḍamma - ضَمّة voyelle brève entre "o" et "ou" kutub son كُتُب = livres
a son َ
كَـ fatḥa - فَتْحة voyelle brève entre "a" et "è". Se retrouve dans le tāʾ marbūṭa
kataba son كَتَبَ = il écrivit
son ِ
كِـ kasra - كَسْرة voyelle brève entre "i" et "è" (se place sous la consonne) kitāb son كِتاب = livre

A la fin d'un nom, elles indiquent le cas auquel il est décliné : ḍamma = cas nominatif, fatḥa = cas direct, kasra = cas indirect.
A la fin d'un verbe à l'inaccompli, elles indiquent le temps : ḍamma = indicatif, fatḥa = subjonctif, sukūn = apocopé.
Dans le corps du verbe, elles indiquent la voix :
   accompli : actif : kataba - كَتَبَ = il a écrit > passif : kutiba - كُتِبَ = il a été écrit
   inaccompli indicatif : actif : yaktubu - يَكْتُبُ = il écrit > passif : yuktabu - يُكْتَبُ = il est écrit
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sukūn - سُكون

Ce signe se place sur une consonne non suivie d'une voyelle courte, et donc directement suivie d'une consonne.
position isolé transcription nom remarques Exemple
كْـ  ْ
sukūn - سُكون indique une consonne non suivie d'une voyelle maktab son مَكْتَب = bureau

Deux consonnes consécutives ne peuvent pas porter le sukūn. Il ne peut donc pas y avoir plus de deux consonnes consécutives sans voyelle entre elles.

Le sukūn ne peut jamais être placé sur la première lettre d'un mot.
Un mot commence généralement par la suite consonne + voyelle : yaktubu son يَكْتُبُ‎‎ = il écrit
La hamza (coup de glotte) est considérée comme une consonne : ʾaktubu son أَكْتُبُ‎‎ = j'écris
Certains mots commencent par un ʾalif + waṣla précédant une consonne avec sukūn : qif wa ktub son قِفْ وَاكْتُبْ ! = arrrête et écris ! cf. infra.
Pour les mots d'origine étrangère commençant par deux consonnes :
- on place, au besoin, une voyelle sur la première consonne : chemisier = "blouse" (en anglais) = bulūza - بُلُوزَة,
- ou on les fait précéder de ʾalif + hamza : stade =  'istād - إِسْتَاد.

Lorsqu'un wāw - و porte un sukūn, la consonne qui le précéde porte :
soit un "u" bref et il se prononce comme la voyelle longue ū : ṣūra son صُورَة = image,
soit la consonne qui le précéde porte un "a" bref (jamais un "i" bref) :
mawt son  مَوْت = la mort / kawn sonكَوْنٌ  = l'être / law son لَوْ = si / ʾaw son أَوْ = ou

Quand le schème prévoit la suite iw, celle-ci devient ī ;  comparer :
fataḥa son فَتَحَ = ouvrir => miftāḥ son مِفْتَاح‎ = clé => mafātīḥ son مَفاتيح‎ = clés
wazana son وَزَنَ = peser => mīzān son مِيزَان = balance => mawāzīn son مَوازين‎ = balances (miwzān - مِوْزان impossible, mais le w réapparaît au pluriel)

Lorsqu'un yā - ي porte un sukūn, la consonne qui le précéde porte :
soit un "i" bref et il se prononce comme la voyelle longue ī : rīf son رِيف = campagne,
soit la consonne qui le précéde porte un "a" bref (jamais un "u" bref) : 
bayt son بَيْت = la maison / kay son كَيْ - kay = pour que / ʾay son أَيْ = c'est-à-dire

Quand le schème prévoit la suite uy, celle-ci devient ū ;  comparer :
ʾantaja son أَنْتَجَ = produire => muntij son مُنْتِج = producteur
ʾayqaẓa son أَيْقَظَ‎ = éveiller => mūqiẓ son مُوقِظ = éveilleur (muyqiẓ - مُيْقِظ impossible)

A la fin d'un verbe à l'inaccompli, le sukūn indique le temps apocopé, utilisé notamment pour la négation de l'accompli : lam yaktub - لَمْ يَكْتُبْ = il n'a pas écrit
L'impératif des verbes se termine par un sukūn au masculin singulier : qif wa ktub son قِفْ وَاكْتُبْ ! = arrrête et écris !

On trouve le sukūn à la fin des particules suivantes :
ʾaw son أَوْ / ʾam son أَمْ / ʾan son أَنْ / ʾin son إِنْ / ʾiḏ son إِذْ / bal son بَل / lam son لَمْ / lan son لَنْ /  
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šadda  شَدَة ـّ >
Le signe šadda se place au dessus des consonnes qui sont doublées. la première consonne portant un sukūn.
darasa son دَرَسَ = il étudia => darrasa son (دَرْرَسَ) دَرَّسَ = il enseigna (verbes de deuxième forme)
massa son (مَسْسَ) مَسَّ = il toucha - yamassu son يَمَسُّ‎‎ (verbes irréguliers sourds)
tājir son تَاجِر = marchand => tujjār son تُجَّار = commerçants (pluriel interne)
ḵubz son خُبْز = pain => ḵabbāz son خَبَّاز = boulanger (nom d'activité)
miṣr son مِصْر = Égypte => miṣriyy son مِصْرِيّ = égyptien (suffixe des adjectifs de relation)
dars son دَرْس = une leçon => ad-dars son ٱلدَّرْس = la leçon (prononciation de l'article défini devant les lettres solaires)

Lorsque la consonne doublée porte la voyelle "i", le kasra peut s'écrire au dessus de la consonne, sous le šadda, ou sous la consonne.
yudarrisu son يُدَرِّسُ
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tanwīn  -  تَنْوِين
(nunation)

La dernière voyelle d'un nom indique un cas de déclinaison qui varie selon sa fonction dans la phrase.
Le tanwīn
consiste à prononcer un "n" (sans voyelle) après la voyelle finale casuelle de certains noms indéterminés.

cas (fonction du nom dans la phrase) - حالة nom déterminé sans tanwīn
nom indéterminé avec tanwīn
nominatif (sujet) - مَرْفُوع al-baytu - البَيتُ = la maison baytun - (1) بَيتٌ une maison
direct (complément d'objet direct) - مَنْصوب al-bayta - البَيتَ baytan - (2) بَيتاً
indirect (complément de nom) - مَجْرور al-bayti - البَيتِ baytin - بَيتٍ

Dans l'écriture, le tanwīn est marqué par le doublement de la dernière voyelle.
(1) au cas nominatif, on peut écrire le signe du tanwīn de la ḍamma بَيْتٌ ou بَيْتُُ au choix.
(2) au cas direct, on ajoute au nom un ʾalif avant lequel (بَيْتًا) ou sur lequel (بَيْتاً) se pose le signe du tanwīn de la fatḥa.
  Ce ʾalif est un "ʾalif orthographique", il ne modifie pas la prononciation du nom.

ATTENTION
Ce ʾalif ne se place pas après les lettres ou suites de lettres suivantes : Il se place après
cas tā marbūta hamza après ʾalif
hamza sur ʾalif les autres hamza
nominatif luḡatun - لُغةٌ langage māʾun - ماءٌ eau ḵaṭaʾun - خَطَأٌ erreur šayʾun - شَيْءٌ
chose hādiʾun - هَادِئٌ
calme
badʾun - بَدْءٌ
début
direct
luḡatan - لُغةً māʾan - ماءً ḵaṭaʾan - خَطَأً šayʾan - شَيْئًا hādiʾan - هَادِئًا
badʾanبَدْءًا -
indirect luḡatin - لُغةٍ māʾin - ماءٍ ḵaṭaʾin - خَطَأٍ šayʾin - شَيْءٍ hādiʾin - هَادِئٍ
badʾin - بَدْءٍ

Les noms communs dérivés, terminés par ā  ى ou ا  portent le même signe de tanwīn : ـً placé au dessus de cette lettre pour les trois cas de déclinaison :
- ʾalif maqSura : fatan - فَتىً = jeune homme

Ils sont indéclinables. juḡrāfiyā - جُغْرَافِيَا = géographie

Dans la prononciation courante, le tanwīn ne se prononce pas, sauf pour certains adverbes : dāʾiman son دَائِمًا = toujours

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waṣla (liaison) - وَصْلة
Le ʾalif en début de mot correspond au son "coup de glotte" s'il a une hamza sur lui (ʾan son أَنْ) ou sous lui (ʾin son إِنْ) (ou madda sur lui (ʾān son آنْ)).
Sinon, en milieu de phrase, ce ʾalif initial ne se prononce pas et on fait la liaison avec le mot précédent. Il est dit "instable".
 
Il correspond au ʾalif initial
- de certains mots : ism -  اِسْم = nom / ibn - اِبْن = fils / iṯnān - اِثْنان = deux / imruʾ - اِمْرُؤ = homme / imraʾa - اِمْرَأَة = femme
- de l'article déterminatif al - الـ : ʾil-ʾarḍu ʾakbaru mina l-qamari - إِلْأَرْضُ أَكْبَرُ مِنَ الْقَمَرِ = la Terre est plus grande que la Lune.
- des relatifs du type al-laḏī son ٱلَّذِي ...
- des verbes de forme 1 sains conjugués à l'impératif affirmatif : اُكْتُبْ ! = écris !
- des verbes de formes 7 اِنْكَشَفَ = être découvert, 8 اِغْتَسَلَ = se laver, 9 اِصْفَرَّ = jaunir ou 10 اِسْتَقْبَلَ = accueillir, conjugués à l'accompli et à l'impératif.
Attention : le ʾalif initial des verbes de forme 4 porte toujours une hamza : ʾantaja son أَنْتَجَ = produire 

Ainsi le mot ism son اِسْم = nom :
En début de phrase, après une pause, son ʾalif instable devient stable et prend une hamza : ʾismuka jamīlun son إِسْمُكَ جَميلٌ = ton nom est joli.
En milieu de phrase, son ʾalif instable se lie à l'oral avec la voyelle finale du mot précédent : mā smuka ? son ما اسْمُكَ ؟  = quel est ton nom ?
Si le mot précédent est terminé par un sukūn, il se transforme en voyelle brève, généralement une kasra : quli smaka ! sonقُلِ اسْمَكَ ! = dis ton nom !
suffixe verbal t, apocopé, impératif, particules (3an - عَن / hal - هَل / bal - بَلْ - / ...)
Si le ʾalif instable est précédé des pronoms personnels (isolés ('antum son أَنْتُمْ / hum son هُمْ) ou affixes (kum sonكُمْ  / hum son هُمْ)) ou suffixe verbal (tum sonتُمْ ), tous terminés par sukūn, celui-ci se transforme en ḍamma : qala lahumu smahu sonقالَ لَهُمُ اسْمَهُ = Il leur a dit son nom.

Si le ʾalif instable est précédé de l'article, il devient stable avec kasra : al-ʾismu - الْإسمُ = le nom

Si le mot précédent se termine par une voyelle longue, celle-ci s'abrège à l'oral, pour des questions prosodiques (mais pas à l'écrit).
(fī l-madīna) > fi l-madīna - في الْمَدينة = dans la ville

Quand ce ʾalif instable se trouve en début de phrase (ou après une pause), il porte une voyelle brève
fatḥa pour l'article déterminatif al - ال : al-waladu yaktubu - اَلْوَلَدُ يَكْتُبُ = le garçon écrit
kasra pour la plupart des mots commençant par cette lettre : ismuhu mūsā - اِسْمُهُ مُوسَى = son nom est Mūsā (Moïse)

A l'impératif affirmatif des verbes de forme 1, ce 'alif prend pour voyelle
- une ḍamma<, si la voyelle de la 2° radicale est une ḍamma,
- une kasra, si la voyelle de la 2° radicale est une kasra ou un fatḥa.

Autres exemples :
Ce ʾalif instable prend la dernière voyelle du mot précédent:
yaktubu l-waladu - يَكْتُبُ الْوَلَدُ = le garçon écrit
sayyāratu bnihi kabīratun - سَيّارةُ ابْنِهِ كَبيرةٌ = la voiture de son fils est grande

Si le mot précédent est terminé par un sukūn, celui-ci se transforme en voyelle brève, généralement un kasra :
šaraqati l-šamsu - (شَرَقَتِ الْشَمْسُ (شَرَقَتْ الْشَمْسُ = le soleil s'est levé / min al-madīna - مِنَ الْمَدينة = de la ville

Si son ʾalif initial est précédé des pronoms personnels (isolés ('antum son أَنْتُمْ / hum son هُمْ) ou affixes (kum sonكُمْ / hum son هُمْ)) terminés par sukūn, celui-ci se transforme en ḍamma :
humu lʾān ta3bānīna - هُمُ الْآنَ تَعْبانِينَ - ils sont maintenant fatigués.
šakarahumu l-waladu - شَكَرَهُمُ الْوَلَدُ - l'enfant les a remerciés

Le  signe hamzat waṣl - هَمْزة وَصْل s'écrit exceptionnellement au dessus de ce ʾalif instable de cette manière ٱ pour indiquer  que ce dernier ne se prononce pas.
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hamza - هَمْزة
La hamzaء marque le "coup de glotte" noté en phonétique [ʔ]. Elle correspond à la fermeture et à l'ouverture rapide de la glotte. sa'ala - سَأَلَ = il demanda


madda (allongement) - مَدّة
C'est un signe que l'on place au dessus du ʾalif : آ pour indiquer qu'il faut le prononcer comme un hamza ayant pour voyelle un "ā" long.
'āb - آب = août
qor'ān - قُرآن = Coran
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